jeudi 9 août 2012

Les salariés des Papeteries de la Seine écrivent au Ministre du Travail

2 juillet 2012 : syndicalistes, élu-e-s et militant-e-s du Front de gauche dans un rassemblement de soutien aux salariés des Papet' devant le Tribunal de Nanterre où ils assignent le groupe industriel SMURFIT KAPPA, contre le licenciement de salariés.


Le bras de fer continue entre la direction du groupe SMURFIT KAPPA et les salariés des Papeteries de la Seine qui dénoncent le licenciement boursier dont ils sont victimes. Représentants syndicaux et élus au Comité d’établissement viennent d’adresser une lettre au Ministre du Travail, de la Formation professionnelle, de l’Emploi et du Dialogue social, dans laquelle ils lui demandent notamment de refuser la demande du groupe industriel de remettre en cause les décisions de l’Inspection du Travail :

« Vous êtes sollicité par le groupe SMURFIT KAPPA pour remettre en cause les décisions de l’Inspection du Travail qui a refusé à deux reprises le licenciement des salariés protégés au motif notamment de l’absence de réels motifs économiques ou de sauvegarde de la compétitivité de l’entreprise.
La fermeture de notre usine de Nanterre est choquante pour les 105 salariés et leur famille, victime d’une délocalisation qui ne porte pas son nom.
Depuis 2005, le groupe SMURFIT KAPPA, leader européen de l’emballage, a fermé plus de 7 sites en France alors que dans le même temps, le groupe investissait massivement sur les autres sites hors France. Sur les trois dernières années, ce groupe a enregistré de forte progression et dégagé de confortables résultats. (…)
La fermeture de notre usine, après de nombreuses tergiversations et espoirs donnés aux salariés d’une future reprise, a mis les salariés dans une situation très difficile. L’expertise demandée par le CHSCT a mis en évidence des difficultés de reclassement et des situations extrêmes, auxquelles le cabinet de reclassement ne peut répondre à lui tout seul. L’expert préconisait le maintien des Instances Représentatives pour s’assurer que tous les moyens seront mis afin d’éviter des situations critiques et maintenir un lien avec les salariés. 
Dans ce contexte, l’action des représentants du personnel protégés reste primordiale.
 
De plus, les Instances Représentatives et les organisations syndicales ont accompagné sur le plan juridique les nombreux salariés qui contestent à juste titre leur licenciement.
Enfin, les Instances représentatives et les organisations syndicales souhaitent, à travers leurs actions, se prémunir de nouvelles fermetures et protéger ainsi les trois derniers sites papetiers du groupe en France (Rethel, Saillat et Alfa d’Avignon). »

Lire l'intégralité de la lettre envoyée le 8 août par les salariés à Michel Sapin :


Groupe SMURFIT KAPPA 
Usine de Nanterre
Comité d’Etablissement
Représentations syndicales

Lettre ouverte à :
Monsieur Michel SAPIN,
 
Ministre du Travail, de l’Emploi, de la Formation Professionnelle et du Dialogue Social
 
101, rue de Grenelle
 
75007 PARIS 07
Le 8 août 2012,

Monsieur le Ministre,
Ces derniers mois, la presse a fait l’écho d’un grand nombre de contestations de plans sociaux, pouvant être considérés comme des licenciements dits « boursiers », sans logique économique ou industrielle et avec pour conséquence une forte dégradation des emplois industriels en France. Ces contestations par les salariés ou leurs représentants se sont déroulées sur le terrain juridique, mais aujourd’hui, une action « politique » est attendue pour encadrer les licenciements économiques et donner la possibilité de contester les motifs lorsque qu’un groupe bénéficiaire ne recherche qu’à accroître sa rentabilité et ses profits, au détriment des emplois et des compétences.
Vous êtes sollicité par le groupe SMURFIT KAPPA pour remettre en cause les décisions de l’Inspection du Travail qui a refusé à deux reprises le licenciement des salariés protégés au motif notamment de l’absence de réels motifs économiques ou de sauvegarde de la compétitivité de l’entreprise.
La fermeture de notre usine de Nanterre est choquante pour les 105 salariés et leur famille, victime d’une délocalisation qui ne porte pas son nom.
Depuis 2005, le groupe SMURFIT KAPPA, leader européen de l’emballage, a fermé plus de 7 sites en France alors que dans le même temps, le groupe investissait massivement sur les autres sites hors France. Sur les trois dernières années, ce groupe a enregistré de forte progression et dégagé de confortables résultats :
• Un chiffre d’affaires en progression de plus de 21%, qui passe de 6,1 milliard d’euros à 7,4 milliards d’euros entre 2009 et 2011,
• Une trésorerie dégagée par l’activité de plus de un milliard d’euros en 2011, en forte amélioration (741 millions d’euros en 2010).
 
Une fois de plus, nous sommes confrontés à un groupe côté en bourse qui préfère sacrifier les emplois en France pour privilégier les actionnaires étrangers.
D’ailleurs l’Inspection du Travail ne s’est guère trompée et a refusé à deux reprises d’autoriser les licenciements des salariés protégés.
La fermeture de notre usine, après de nombreuses tergiversations et espoirs donnés aux salariés d’une future reprise, a mis les salariés dans une situation très difficile. L’expertise demandée par le CHSCT a mis en évidence des difficultés de reclassement et des situations extrêmes, auxquelles le cabinet de reclassement ne peut répondre à lui tout seul. L’expert préconisait le maintien des Instances Représentatives pour s’assurer que tous les moyens seront mis afin d’éviter des situations critiques et maintenir un lien avec les salariés.
 
Dans ce contexte, l’action des représentants du personnel protégés reste primordiale.
 
De plus, les Instances Représentatives et les organisations syndicales ont accompagné sur le plan juridique les nombreux salariés qui contestent à juste titre leur licenciement.
Enfin, les Instances représentatives et les organisations syndicales souhaitent, à travers leurs actions, se prémunir de nouvelles fermetures et protéger ainsi les trois derniers sites papetiers du groupe en France (Rethel, Saillat et Alfa d’Avignon).
Votre décision de confirmer ou remettre en cause la décision de l’Inspection du travail sera lourde de conséquence :
• Pour les salariés concernés qui estiment injustifiée la décision de fermeture du site de Nanterre,
• Pour les Instances Représentatives qui accompagnent au quotidien des salariés en grande difficulté,
• Pour les salariés du groupe SMURFIT KAPPA qui souhaitent sauvegarder leurs emplois sur les sites restants en France,
• Et plus généralement sur le principe de mieux encadrer les licenciements dits « boursiers »
Nous vous remercions de l’intérêt que vous porterez à cette lettre et espérons pouvoir compter sur votre engagement dans cette période difficile au côté des salariés.
Dans l’attente, nous vous prions d’accepter, Monsieur le Ministre, nos respectueuses salutations.

Pour l’ensemble des salariés du site de Nanterre,
 
Pour l’ensemble des membres du Comité d’Etablissement


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