mercredi 2 novembre 2011

Contre G20 Nice. Rouges de colère sur la Côte d'azur


Interdits de séjour à Cannes, les opposants au G20 étaient plus de dix mille à manifester à Nice pour dire non à l’austérité et à la gestion libérale de la crise de la dette. Un défilé entre bonne humeur et cris de rage contre l’injustice.

Lire le reportage de Léo Purguette publié dans La Marseillaise

 
« Libérons les peuples des marchés financiers ». Devant la Bourse du travail de Nice le message est inscrit sur une immense banderole, toile de fond du meeting du Front de gauche qui se tient avant le départ de la manifestation.

Pierre Laurent, le secrétaire national du PCF prend la parole, entouré des représentants de toutes les composantes du Front de gauche dont la députée Martine Billard, co-présidente du Parti de gauche. « Nous sommes là pour dire ensemble stop à l’austérité, non au chantage des marchés financiers et oui à la démocratie ! » lance-t-il à l’assistance. « Le G20 a peur de la démocratie. Même le référendum convoqué par Papandréou en Grèce qui tente par là un coup politique, leur est insupportable. Aussitôt annoncé, c’est le chantage au chaos qui a commencé » dénonce celui qui préside le Parti de la gauche européenne regroupant les forces communistes et progressistes du continent. « Avec le Front de gauche, ses idées, nous allons imposer une autre manière d’être à gauche contre les marchés financiers, pour la démocratie réelle ! » conclut-il.

Sans attendre les militants présents décrochent la banderole et forment un cortège direction l’esplanade de Lattre de Tassigny, où se sont donné rendez-vous associations, syndicats et partis politique pour protester ensemble contre le sommet des puissants qui se tient simultanément à Cannes.

Deux hélicoptères des forces de l’ordre sillonnent le ciel d’un bleu sans tache. Mais déjà les slogans couvrent leur vrombissement. « Les peuples d’abord pas la finance ! » scandent les manifestants.

Le départ prend un peu de retard et les militants patientent dans la douceur azuréenne. L’ONG Oxfam a dépêché un bataillon de Robins des bois, tous déguisés pour défendre l’idée d’une taxe prenant aux riches pour donner aux pauvres. Les militants de CCFD Terre solidaire arborent des t-shirts « aidons l’argent » au dos desquels on peut lire « à quitter les paradis fiscaux ». De manière générale, ces « paradis qui créent des enfers » comme l’affirme une pancarte, en prennent pour leur grade dans le rassemblement, à quelques encablures de Monaco.

Elodie, brune trentenaire venue en « simple citoyenne » s’égosille « niches fiscales égalent racket social ! » non loin du camion d’Emmaüs. Sous les yeux d’un portrait géant de l’abbé Pierre, un DJ mixe une musique entraînante qui tranche avec le terrible constat inscrit sur le flanc du véhicule : « 1994 : 10 000 SDF, 2011 : 133 000 SDF ».

« Sauver la société en général
plutôt que la société générale ».


Enfin la banderole de tête, suivie du cortège d’Attac s’élance sur le parcours. Petit à petit le défilé se met en ordre de marche. La sono de l’Union départementale CGT des Alpes Maritimes crache « Sarkozy, Ciotti, Estrosi, basta cosi ! ». Des syndicalistes sud-coréens les suivent, autocollants CGT sur la poitrine en signe de sympathie et banderole en trois langues pour demander de « taxer les riches ».    Un peu plus loin un adhérent de la FSU promène un écriteau qui fait son effet sur les passants : « sauver la société en général plutôt que la société générale ».

Catherine, cinquantenaire et militante du planning familial s’étonne qu’on lui demande pourquoi manifester contre le G20 quand on mène un combat féministe. « La situation des femmes dépend de l’état de la société, se battre pour leurs droits n’est pas un combat abstrait ou à part. Ce sont les premières à subir la précarité et les reculs sociaux » insiste-t-elle, avant d’être emportée par la foule.

Les militants de la Ligue des droits de l’Homme et des droits des migrants sont aussi au rendez-vous. L’un d’eux brandit une pancarte à l’ironie mordante : « Le monde est sauvé par le G20. A(h) A(h) A(h) »

Sur l’avenue Saint-Roch quelques artistes en herbe recouvrent les publicités le long des voies du tram d’une couche de peinture blanche signée au pochoir rouge « espace d’expression libérée ». Quasiment au même moment une troupe de clowns s’amuse du dispositif policier hors normes. L’un d’eux dessine à la craie au pied d’un gendarme mobile un peu décontenancé : « mais si t’as l’air gentil… »

Moins facétieux mais tout aussi convaincus, les Kurdes du MLKP font leur apparition, suivis de quelques japonais et d’indignados espagnols. Une délégation d’EE-LV s’approche tandis que le cortège du PCF et des Jeunes communistes entonne une bruyante Internationale.

Côté NPA, on scande un savoureux « couscous, paella, socca même combat ! » à l’attention de tous les xénophobeS.

Le jour décline mais pas l’enthousiasme des manifestants. Aurelio, militant italien de la « gauche critique » est présent quant à lui pour défendre l’idée « d’une internationalisation de la bataille contre le capitalisme global ».

Après une longue marche voilà le défilé arrivé à son but pour un concert d’HK et les saltimbanks aux anciens abattoirs de Nice. Non loin, écrit à même le sol à la peinture fraîche on peut lire : « La résignation est un suicide quotidien », la signature difficilement lisible attribue la phrase à Balzac. Mais qu’importe, elle appartient déjà à tous ceux qui dès aujourd’hui participerons au forum des peuples contre la dictature de la finance.

Reportage de Leo Purguette. La Marseillaise

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